Les enjeux du stockage de gaz naturel en France et en Europe

29 septembre 2022

Cuves de grande taille, tuyaux sinueux, becs verseurs … À quoi ressemble le stockage du gaz en France et quels sont ses enjeux ? Sujet brûlant du moment et hautement stratégique face à la crise gazière actuelle, le stockage du gaz est une activité qui n’a pourtant rien d’anodine. Régulée par la CRE (Commission de Régulation de l’Énergie) depuis 2018, celle-ci veille chaque année au bon remplissage des réserves et au déroulement des enchères de capacités de stockage des opérateurs.

 

Comment s’organise le stockage de gaz naturel en France ?

Alors que l’hiver 2022-2023 approche et que le conflit entre l’Ukraine et la Russie continue, la question du niveau de stockage de gaz en Europe, et plus particulièrement en France, se pose. Afin de prévenir une pénurie d’énergie, l’Union Européenne a pris la décision de se fixer un taux de remplissage des réservoirs de gaz de 90 % au 1er novembre 2022.

Anticiper l’arrivée de l’hiver en remplissant les stocks de gaz naturel

Puisque la crise en Ukraine continue et que les gazoducs russes alimentent moins l’Union Européenne, l’optimisation du stockage de gaz naturel dans les Etats membres est une nécessité. Ainsi, le soutirage gazeux se fera sans pénurie pendant les périodes de forte consommation.

Quels sont les différents sites de stockage de gaz souterrain ?

Pour conserver du gaz, il existe plusieurs types de stockage : cavités salines, nappes aquifères, gisements déplétés ou épuisés, galeries minées.

En France, le gaz peut être stocké de différentes manières en assez grande quantité. Deux types de stockages souterrains permettent de stocker du gaz pour assurer la consommation du pays : les aquifères et les cavités salines. À ce titre, et selon la CRE, la France dispose de 130 TWh de capacités de stockage souterrain de gaz naturel, ce qui représente environ un tiers de sa consommation annuelle de gaz (450 TWh).

La création de cavités salines se fait grâce à une dissolution à l’eau douce. Les trous souterrains sont utilisés pour conserver du gaz naturel. Pour les nappes aquifères, du gaz est injecté dans une couche souterraine de roche, souvent poreuse et perméable, puis une couverture étanche est ajoutée. Les anciens gisements d’hydrocarbures peuvent être reconvertis pour devenir des sites de stockage. Le gaz peut aussi être gardé dans des cavités minées, c’est-à-dire des galeries creusées dans des massifs rocheux solides et imperméables.

Et quels sont les différents stockages de gaz aériens ?

Une solution pour gagner de l’espace est de stocker le gaz sous forme liquéfiée. Une unité de liquéfaction transforme le gaz naturel en hydrocarbure liquide. Le stockage du gaz naturel liquéfié (GNL) se fait ensuite dans des cuves cylindriques verticales.

 

La gestion du stockage du gaz naturel en France

Les capacités de stockage souterrain de gaz naturel en France sont d’environ 130 TWh, soit un peu moins d’un tiers des besoins annuels (environ 450 TWh). 10 sites en France réalisent du stockage en nappe aquifère, 4 sont dédiés au stockage en cavités salines et 2 sont des réservoirs déplétés.

Les différents sites de stockage de gaz ont des avantages variables en fonction de leur typologie. Par exemple, les cavités salines permettent d’obtenir du gaz plus rapidement, souvent utilisées pour répondre à la demande lors des pics de froid. Les nappes aquifères quant à elles, comportent un volume de stockage plus important.

La France possède 4 réservoirs de stockage aérien de GNL. Le terminal de Dunkerque est le deuxième plus important en Europe occidentale. Très peu dépendant du gaz provenant de Russie, il a comme autre avantage d’être connecté, avec deux canalisations indépendantes, aux marchés français et belge.

Storengy est le plus grand stockeur de gaz en Europe et un des 3 opérateurs de stockage en France avec Teréga et Géométhane. Cette entreprise gère des sites de stockage en Allemagne, au Royaume-Uni et en France. Parmi les 14 implantations dans l’Hexagone se trouvent notamment les sites de Céré-la-Ronde et Cerville. Quant aux infrastructures de Soing-en-Sologne, elles ont été mises en sommeil depuis 2010 et une demande de cessation d’activité a été faite par l’exploitant.

 

 

L’état des stocks de gaz naturel en France et en Europe

On ne le sait que trop en cette période géopolitique agitée : la France importe la totalité du gaz qu’elle consomme. Une grande part du gaz naturel est utilisée pour le chauffage, avec pour constat, de fortes variations de consommation entre l’été et l’hiver. Rappelons que, concernant la question des importations russes, elles ne représentent que 17% des importations françaises.

Le conflit russo-ukrainien fait évidemment peser un risque nouveau sur la sécurité d’approvisionnement. En lien avec le gouvernement, la CRE travaille pour adapter la régulation des opérateurs de stockage afin de sécuriser les approvisionnements en gaz. Un contexte dans lequel stocker se révèle essentiel au moment d’opérer des ajustements entre l’offre et la demande. Des réserves sont constituées en été quand la consommation est faible afin de soutenir la demande hivernale forcément plus élevée.

 

Bon à savoir 💡

Pour garantir assez de gaz tout au long de l’année aux ménages et aux entreprises, la loi impose aux fournisseurs un remplissage minimal de 85% des capacités qu’ils ont souscrites.

En France, les stocks de gaz étaient remplis à 90,06 % de leurs capacités au 25 août 2022. Alors que le chiffre à atteindre à l’arrivée de l’hiver est de 85 %, cette année, il est prévu que les stocks soient totalement remplis au 1er novembre. À cette même date, l’Union européenne a fixé comme objectif un taux de 90 % pour l’ensemble des réservoirs disponibles.

 

Y aura-t-il assez de gaz pour cet hiver ?

Les annonces gouvernementales de ces dernières semaines sont plutôt rassurantes et indiquent qu’il n’y aura pas de coupure de gaz pour cet hiver. Mais pour préserver les ressources pour les années à venir, la sobriété énergétique est au cœur des débats et les habitudes de consommation doivent changer durablement.

Aussi, les enchères souscrites cette année ont permis d’atteindre des capacités de stockage suffisantes de gaz pour cet hiver (97%). La France recherche d’ores et déjà à sortir de la dépendance du gaz russe avec des approvisionnements auprès de la Norvège. De quoi aborder plus sereinement que beaucoup de ses voisins européens le remplissage de ses cuves.

 

Les solutions envisagées en cas de besoins accrus en gaz

Parmi les pistes de diversification dans la production gazière, la filière du biométhane est en pleine expansion. Ressource durable et renouvelable, le biométhane devrait être en mesure de couvrir de 30 à 40 % des besoins de gaz européens vers 2050, avec une production prévue de 1 000 TWh. Sur les 20 000 unités en service en Europe, c’est en France, au Danemark et en Italie que le plus d’infrastructures nouvelles ont été ouvertes depuis 2020.

En cas de demande trop importante, l’Europe compte aussi sur la solidarité entre ses États membres sachant que le stockage de gaz naturel en Italie ou en Allemagne est de faible capacité par rapport à la France ou l’Espagne. L’UE prévoit aussi une diversification des importations gazières avec un accroissement des quantités provenant de Norvège, d’Algérie et d’Azerbaïdjan par gazoducs. En France, en cas de trop forte demande, le gouvernement n’exclut pas de demander aux industriels uniquement de réduire leur consommation.

 

En conclusion, globalement, les derniers chiffres concernant les taux de remplissage des cuves gazières sont bons, ce qui laisse présager un hiver sans pénurie de combustible dans l’Union européenne.

 

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