21 septembre 2022
Le gazoduc russe Nord Stream, qui alimente l’Allemagne, à Lubmin, devait reprendre ses livraisons. Cependant, le 2 septembre 2022, dans un communiqué, le géant russe Gazprom a annoncé la poursuite de l’interruption pour réparer une turbine. Devant ce nouveau rebondissement dans la crise énergétique, comment réagissent les pays européens ?
Depuis le début du conflit entre l’Ukraine et la Russie, les exportations gazières russes vers l’Union Européenne ont été progressivement réduites. À l’approche de l’hiver, comment s’organisent les pays européens alors que certains dépendent peu du gaz russe et d’autres beaucoup ?
En analysant quels sont les États membres de l’UE qui dépendent le plus de livraisons gazières provenant de Russie, certains pays se démarquent clairement comme la Hongrie avec 35 % de son mix énergétique issus des importations gazières russes.
Le gaz russe en France ne représente que 4 % du total des approvisionnements. Cela équivaut à 1,5 TWh. Ce chiffre est à mettre en perspective avec les totaux annuels en Europe supérieurs à 400 TWh (1).
Des économies d’énergie sont demandées aux États membres de l’UE. Ils se sont engagés à diminuer de 15 % leur consommation énergétique (par rapport à la moyenne des 5 années précédentes) durant 8 mois (d’août 2022 à mars 2023). En cas de tensions extrêmes entre la consommation et l’approvisionnement, ces déclarations d’intention pourraient devenir de véritables obligations.
Afin de préparer l’hiver, l’UE s’est fixée comme objectif d’atteindre un seuil de 90 % de remplissage des réservoirs de gaz naturel avant début novembre 2022. Pour cela, les importations de gaz naturel liquéfié (GNL) venant de Norvège et d’Algérie sont augmentées.
Les pays ayant des possibilités de stockage, tels que la France, devraient être prêts à aider d’autres nations qui n’ont pas ces facilités, comme l’Allemagne.
L’Union européenne envisage de revenir vers des sources d’énergie parfois délaissées globalement comme le charbon et le nucléaire. En France, le nucléaire est clairement majoritaire et représente environ 70,6 % de l’électricité produite sur le territoire national en 2019. Quant aux énergies renouvelables, suite à des décisions politiques qui ont mis l’accent sur leur développement ces dernières années, elles représentent en France 24,9 % de la consommation nationale d’électricité en 2021 (2). Le remplacement des hydrocarbures par des énergies renouvelables est donc loin d’être effectif mais les efforts des pouvoirs publics vont dans ce sens.
Les conséquences de la diminution de l’importation d’hydrocarbures varient selon le niveau de dépendance énergétique des pays vis-à-vis de Moscou. Non seulement le gaz est utilisé comme combustible mais il permet également de produire de l’électricité
De grands pays comme l’Espagne, la France, le Portugal ou l’Italie sont insuffisamment reliés aux réseaux des États membres voisins. Cependant, ces États dépendent peu des importations gazières russes sauf l’Italie où elles constituent environ 13 % du mix énergétique. Ainsi, avec l’arrivée de l’hiver prochain, l’Italie est dans une position plus défavorable que ses voisins pour assurer l’approvisionnement énergétique de sa population.
En France, les hausses du prix de l’électricité s’expliquent principalement en raison de l’arrêt de 10 réacteurs nucléaires parmi les 56 existants. De plus, si certains réacteurs sont stoppés pour des travaux de maintenance, 5 le sont pour des problèmes imprévus de corrosion.
Actuellement, malgré les différents efforts mis en œuvre pour réduire la dépendance par rapport aux importations gazières russes, l’Union européenne ne serait en mesure de couvrir que 153 jours de dépenses énergétiques pour l’hiver 2022-2023 sur les 180 jours que compte la période hivernale.
Sources :
(1) : https://fr.euronews.com/2022/08/30/crise-energetique-gazprom-reduit-encore-un-peu-plus-ses-livraisons-de-gaz-a-la-france
(2) : https://assets.rte-france.com/prod/public/2022-02/Pano-2021-T4.pdf